Comme ce fut le cas avec la moutarde et l’huile de tournesol ces derniers mois, la liste des produits touchés risque de s’allonger. Lait, miel, fromages, frites : ils pourraient tous manquer cet hiver !
Les professionnels de l’agroalimentaire s’inquiètent. Les successions de vagues de chaleur ainsi que la sécheresse de ces dernières semaines mettent à mal un grand nombre de nos cultures. Pas étonnant que certains produits viennent à se faire de plus en plus rares. Des difficultés de rendement sont déjà constatées, rapporte La Libération sur son site… Lait, miel, fromages, frites, ils pourraient tous manquer cet hiver !
Pour dire vrai, les professionnels du secteur ne savent pas du tout à quoi s’attendre pour les récoltes annuelles. Quels risques de pénuries avec la sécheresse qui gagne aujourd’hui la majeure partie du pays ?
Les rayons des supermarchés vont-ils devoir encore se vider de certains produits ?
Qu’on veuille l’admettre ou non, les baisses de production seront, elles bien réelles. Conséquence : la demande serait plus élevée que l’offre disponible. L’autre problème que cette situation peut engendrer est évidemment une hausse des prix.
«Ce qui est certain, c’est qu’il n’y aura pas suffisamment de pommes de terre pour satisfaire l’ensemble de la demande»
Geoffroy d’Evry, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), prévoit une «baisse du rendement national» qui serait «inéluctable». Pour le «leader dans la production de pommes de terre» qu’est l’Hexagone, l’inquiétude grimpe.
«La filière de la pomme de terre représente plus de 3 milliards d’euros au niveau national, l’impact de la sécheresse pourrait être de l’ordre d’un milliard d’euros de chiffre en moins», anticipe le président de l’UNPT.
«Le stress hydrique on connaît, et finalement, on arrive à peu près à le maîtriser, confie Geoffroy d’Evry. Ce qu’on ne connaissait pas, poursuit-il, c’est ce phénomène de fortes chaleurs à répétition.»
Celui-ci d’expliquer qu’ «A partir de 30 degrés, et avec les degrés qui s’accumulent tous les jours, la pomme de terre se bloque, elle se met en mode survie et ne progresse plus.»
«Ce qui est certain, conclut-il, c’est qu’il n’y aura pas suffisamment de pommes de terre pour satisfaire l’ensemble de la demande».
Il faut savoir que la grande partie de la demande provient de l’alimentaire, de l’industrie de la chips et de la frite, ainsi que la fécule pour la papeterie ou l’emballage carton.
« C’est une année noire pour l’apiculture » !
La production de miel en berne. «C’est une année noire pour l’apiculture. La situation actuelle est dramatique(…) Pour le miel d’été, tout a grillé », fait savoir Christian Pons, président de l’Union nationale des apiculteurs français (Unaf) et apiculteur à Cournonsec (Montpellier).
Les abeilles n’ont rien à butiner. Certaines plantes sont restées vertes, mais «sont en choc hydrique», par manque d’apport en eau suffisant :
«elles ne fleurissent pas, donc il n’y a pas de pollen pour les abeilles qui ne peuvent donc pas se nourrir», complète Christian Pons.
Une tendance à la baisse est constatée par les producteurs, soit de l’ordre «de 45 % de la récolte moyenne», selon Frank Alétru. Le miel pourrait bien se faire rare dans les rayons. Le secteur apicole sera fixé une fois que la récolte soit finie.
«A partir de 50 degrés, la cire commence à fondre, son point de fusion étant aux alentours de 60 degrés. Elle coule alors dans la ruche, englue les abeilles, et entraîne la mortalité de la colonie(…) »
« Pour l’éviter, il faut mettre les ruches à l’ombre, mais parfois, on n’a pas le temps. C’est aussi un coût supplémentaire», tente de résumer Christian Pons.
La production de lait est en berne.
Thierry Roquefeuil n’est plus si optimiste. Il a quasiment changé de discours. «Les choses s’emballent un peu plus toutes les semaines, les éleveurs commencent à être paniqués», rapporte le président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Ce qui rend la situation inédite, c’est qu’aujourd’hui tout le territoire est concerné. «Le Pas-de-Calais n’est pas un secteur qui subit la sécheresse normalement, nous vivons ce que l’on voyait à la télé dans le sud de la France», indique Jérémie Dumont, agriculteur près de Boulogne-sur-Mer.
«Normalement, c’est le Pas-de-Calais qui envoie du fourrage aux autres régions, mais là comme toute la France est concernée, c’est difficile d’en trouver», rajoute Jérémie Dumont.
D’ici quinze jours à trois semaines, certains éleveurs vont devoir se tourner vers «des céréales pour complémenter le fourrage» détaille le président de la FNPL.
«Il va falloir vendre des animaux parce qu’on ne va pas pouvoir tous les nourrir, c’est ce qui nous fait craindre une forte baisse de production de lait à l’automne», prévient Thierry Roquefeuil.
La baisse en question avoisinerait les 20 %, soit 4 à 5 litres de moins par jour et par vache.
La qualité du lait est aussi menacée, à cause des fourrages moins riches que d’ordinaire donnée aux vaches laitières.
«Il y aura moins de matière grasse, moins de matière protéique, donc les transformateurs qui vont recevoir ce lait vont pouvoir produire moins de crème, moins de fromages, il sera moins riche. Déjà l’an dernier, on a connu des pénuries de beurre, mais cette année je n’ose pas imaginer…», craint-il sérieusement.