Après une période de doute et de prudence, la majorité de la population française a finalement obtenu des certitudes quant à la qualité de l’eau du robinet consommée quotidiennement. Selon une enquête récente, près de 70% des Français ont adopté l’idée de boire de l’eau du robinet en toute confiance. Cette tendance reflète une évolution des mentalités face aux enjeux environnementaux et sanitaires liés à la consommation d’eau potable.
Cependant, suite à la publication du rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le jeudi 6 avril, qui indique dans sa synthèse « la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers » dans « les eaux destinées à la consommation humaine », faut-il se méfier de l’eau du robinet à Paris et en Île-de-France ?
Cette étude a couvert près de 300 couples eaux brutes/eaux traitées dans l’ensemble des départements français et environ 20% de la consommation d’eau de distribution publique.
Les résultats de cette campagne ont été impressionnants : plus de 136 000 résultats ont été collectés en intégrant des sites d’intérêt susceptibles de présenter des résultats positifs. Les molécules recherchées comprenaient des pesticides et métabolites de pesticides, des résidus d’explosifs et du 1,4-dioxane.
Pollution de l’eau potable : des résidus de Chlorothalonil détectés en quantités élevées !
En ce qui concerne les pesticides et métabolites de pesticides, 89 molécules ont été quantifiées au moins une fois parmi les 157 recherchées. Les fréquences de quantification étaient similaires entre les eaux brutes et les eaux traitées ainsi qu’entre les eaux souterraines et les eaux de surface.
Les métabolites étaient généralement plus fréquemment quantifiés que les substances actives correspondantes. Le chlorothalonil R471811 et le métolachlore ESA étaient les molécules les plus fréquemment quantifiées, avec plus de 50 % de quantification en eaux traitées et respectivement 34% et 1,7% d’échantillons en situation de dépassement.
Des résidus explosifs dangereux détectés : 18 molécules répertoriées !
Pour les résidus d’explosifs, 18 molécules ont été quantifiées au moins une fois parmi les 54 recherchées, avec une quantification observée dans moins de 10% des échantillons.
Les molécules quantifiées concernaient principalement des métabolites du TNT, 2,4-DNT et 2,6-DNT pour les régions du Nord et de l’Est de la France en lien avec la première guerre mondiale présentant une bonne corrélation avec les teneurs en ions perchlorate, ainsi que des molécules d’utilisation plus récente telles que le HMX, RDX pouvant concerner des usages industriels (carrières, mines) ou militaires.
L’étude révèle une présence importante de 1,4-Dioxane plus de 90% des ressources analysées !
Enfin, pour le 1,4-dioxane, une quantification de 0,15 μg/L a été mise en évidence pour plus de 90% des ressources analysées. La présence de ce composé dans les ressources touche autant celles d’origine superficielle que celles d’origine souterraine, avec une concentration maximale observée en eau brute de 4,8 μg/L.
L’eau potable en France : la confiance perdue, le retour aux bouteilles plastiques ?
Malgré les affirmations du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) et d’Eau de Paris concernant la qualité potable de l’eau du robinet, selon les résultats du baromètre annuel de l’Observatoire de l’eau, la majorité des Français sont tentés de se tourner de nouveau vers l’eau en bouteille.
Toutefois, ce choix peut s’avérer coûteux, car le prix du litre d’eau en bouteille est jusqu’à 100 fois plus élevé que celui de l’eau du robinet, sans même parler des déchets plastiques qui doivent être recyclés.
La Régie municipale de Paris affirme offrir l’eau la moins chère d’Île-de-France, à un prix inférieur à 0,004 € le litre, soit jusqu’à 200 fois moins cher que l’eau en bouteille.