À son décès, ce prêtre reconnaît enfin sa fille cachée, il lui laisse tous ses biens ! On vous raconte tout dans les lignes qui suivent…
À son décès, ce prêtre reconnaît enfin sa fille cachée, il lui laisse tous ses biens
Cette professeur de musique âgée de 42 ans a patienté quarante ans avant que l’abbé perpignanais Lucien Camps ne la reconnaisse officiellement dans son testament.
« Pendant quarante ans, j’ai dû cacher l’existence de mon père. Quarante ans d’attente, quarante ans de souffrance. Parce que, quand on est un enfant de prêtre, on est obligé de vivre caché, même pour faire des choses simples comme aller au cinéma ou au restaurant, on est obligé de partir loin, d’aller à Narbonne alors qu’on est de Perpignan« , relate la principale interressée.
« Je trouve qu’il y a un hiatus énorme entre ce que l’Église prêche à longueur de journée et la réalité du vécu de ces enfants de curés. On les sacrifie sur l’autel de l’apparence. C’est une forte hypocrisie.« , commente son avocat Me Jean Codognès.
« Le fait d’être prêtre n’empêche pas l’action en reconnaissance de paternité. Mais en réalité, c’est ce poids psychologique qui fait que les mères n’osent pas engager une procédure, surtout lorsqu’elles sont issus de milieux très catholiques et ont honte d’avoir eu un enfant avec un curé dans des conditions de péché. C’est une espèce d’enfermement assez intolérable quand on y réfléchit, mais qui existe, qui est bien réel.« , poursuit-il.
« Mon père décède dans la nuit du 14 décembre 2021, raconte auprès de France Bleu, Isabelle Ballesteros. Je me retrouve à 16h, la même journée, chez un notaire qui lit le premier testament dans lequel mon père m’avait reconnue comme sa fille et l’unique héritière de son patrimoine. Je ne m’y attendais pas et je suis heureuse d’entendre enfin ce que j’ai toujours voulu, et que mon père m’avait toujours refusée de son vivant ».
« Je me suis senti trahie par l’Église » !
Mais sa joie fut de très courte durée. « On me lit ce deuxième testament où la moitié de l’héritage revient au diocèse.« , ajoute-t-elle.
« Je me suis senti trahie par l’Église parce qu’en plus de m’avoir volé mon père au quotidien pendant mon enfance et d’avoir dû cacher notre vie de famille, il y a un sentiment de déception, de trahison et d’injustice, surtout. Je pense qu’ils auraient pu s’effacer tout de suite et ne pas nous obliger à faire des procédures judiciaires et comprendre la douleur que cela peut engendrer. Ce n’est pas qu’une question d’argent, c’est une question de reconnaissance. Se sentir reconnu à 100% comme étant l’enfant et l’héritière de mon père. », s’expliquait-elle.
« J’ai voulu me battre pour ma famille parce que ma mère a beaucoup souffert de la situation aussi(…) Je fais partie d’une association, « Les enfants du silence », et on se bat pour qu’un jour le pape décide de réformer l’Église afin que les prêtres puissent se marier. Cela éviterait d’attendre le décès de nos pères pour qu’on puisse être officiellement reconnus comme des enfants légitimes. »
Le 23 juin dernier, Isabelle Ballesteros obtient finalement gain de cause.